Article N° 8052

Santé maternelle

Santé maternelle : une hécatombe à l’ombre du progrès

Abderrahim DERRAJI - 09 mars 2025 21:46

Chaque jour, des milliers de femmes traversent l’épreuve de la grossesse et de l'accouchement sans accès à des soins de qualité, mettant leur vie en danger. Une récente étude de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) révèle une vérité accablante : l'hémorragie et les troubles hypertensifs, comme la prééclampsie, sont les principales causes de décès maternels dans le monde. En 2020, ces complications ont coûté la vie à près de 130 000 femmes, un chiffre alarmant qui traduit les insuffisances persistantes en matière de soins prénataux et obstétricaux.

Si les progrès médicaux permettent aujourd’hui de sauver de nombreuses vies, une femme meurt encore toutes les deux minutes des suites de sa grossesse ou de son accouchement. Loin d'être un problème isolé, la mortalité maternelle reflète des inégalités sanitaires mondiales. Les pays à faible revenu sont les plus touchés, où près d'un tiers des femmes ne reçoivent pas les soins postnataux essentiels dans les jours suivant l'accouchement. Pourtant, les solutions existent : un accès universel aux soins préventifs et d’urgence pourrait éviter des milliers de décès.

 

L’étude de l'OMS, publiée dans The Lancet Global Health, révèle également qu'un quart des décès maternels sont liés à des maladies sous-jacentes telles que le VIH/sida, le diabète ou le paludisme. Trop souvent, ces pathologies ne sont ni dépistées ni traitées à temps, aggravant les risques pour les femmes enceintes. Face à cette réalité, une approche plus globale et intégrée de la santé maternelle est nécessaire, combinant prévention, détection précoce et prise en charge rapide des complications.

 

La communauté internationale a un rôle crucial à jouer. En 2024, l'OMS a lancé une Feuille de route mondiale contre l'hémorragie post-partum, tandis que l'Assemblée mondiale de la Santé a adopté une résolution appelant à renforcer la qualité des soins avant, pendant et après l'accouchement. Mais les engagements politiques ne suffisent pas : il faut des actions concrètes, des financements accrus et une volonté collective pour transformer ces engagements en réalité.

Le Maroc a réalisé des progrès significatifs en matière de santé maternelle au cours des dernières décennies. Selon un rapport des Nations Unies, le taux de mortalité maternelle est passé de 244 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2000 à 72 en 2020, soit une baisse remarquable de près de 70 % en vingt ans. Le rapport souligne également une diminution annuelle moyenne de 6 %.Ces avancées témoignent des efforts déployés par le Royaume pour améliorer l’accès aux soins prénataux et obstétricaux. Toutefois, pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030, il est essentiel de poursuivre et d’intensifier ces initiatives.

En avril 2025, la Journée mondiale de la Santé sera consacrée à la santé maternelle et néonatale, une occasion de rappeler que chaque femme, quel que soit son lieu de naissance, a droit à des soins de qualité. Il est temps d'agir pour que la grossesse et l’accouchement ne mettent plus en danger la vie des femmes.

Source : PharmaNEWS